Pour célébrer la terre hors de la nuit
Vaste et fraîche
Mille rayons clairs debout
Derrière des mornes
Jusqu’à d’autres rayons clairs
Derrière d’autres mornes.
Mille rayons clairs
Des mornes à mornes
Dentelés
Dans les rayons clairs
Pour une tente de clarté
Au-dessus des creux profonds
Arrachés à la nuit
Au-dessus des creux profonds
Hors de la nuit
Au-dessus des cieux
Entre les mornes
Crêtés de rayons clairs
Hors du creux profond de la nuit
Hors du creux noir et mouillé de la nuit.
Dans un creux profond de mornes
Dans un creux couvert de clarté
Couvert de clarté
Des tentes de la clarté
Un arbre seul
Pour célébrer la terre
Un arbre seul
Dur et droit
Que cachait la nuit
Solidité dressée
Dans la clarté tremblante à son sommet
Dans la clarté seul et droit
Couronné de clarté
Vivant dans la clarté
Vivant de clarté
Pour célébrer la terre
Éveillée réveillée
Et l’espérance muette des bêtes à l’abreuvoir
Et l’espérance engourdie dans les cases
Et l’espérance des premiers pas
Dans la vie des sentiers
Morts dans la nuit
Nus dans la nuit
Vides dans la nuit
Silencieux dans la nuit
Et sans but
Sentiers dans la nuit
Comme des sillages perdus
Pour célébrer la terre dans la clarté
Et la clarté des sentiers
Hors de la nuit.
Roger Dorsinville, « Pour célébrer la terre », Pour célébrer la terre, Montréal, Mémoire d’encrier, 2005.